jeudi, août 18, 2005

La Mémoire #2

Un silence imperturbable régnait dans la pièce. Il étouffait le bruit de ses pas sur le plancher usé, celui de la porte qu’elle refermait derrière elle. Il y avait une odeur de chèvrefeuille et de poussière qu’elle connaissait trop bien. Les murs étaient recouverts d’une patine verte, pareil à l’eau de thermes millénaires, bouillon de culture mortel. Seul le mur du fond, face à elle, se dissimulait derrière un papier peint fleuri pourpre et bleuet, passé par un soleil dont il n’avait pourtant jamais vu les rayons. En son centre, une porte menait dans un couloir sombre. Tandis qu’elle avançait, elle heurta de sa hanche un confiturier de cerisier et vit trembler à son sommet un imposant bouquet de mimosa, inodore, harassé. Énorme arborescence grisâtre aux allures de papier crépon dont les tiges baignaient dans une soupe de cellules végétales dégénérées. Une ombre avançait dans le couloir, avec un boitement de mort vivant, un souffle de vieillard. Fuir. Elle restait pourtant immobile. Et dans la lumière, la présence revêtit une tout autre apparence. Une élégante quinquagénaire lui faisait face, ses cheveux roux remontés en un chignon lâche et fluide. Au-dessus d’un col lavallière de soie lavande, le visage pâle, mais encore frais, esquissait un sourire poli. Odeur de chèvrefeuille et de poussière, trous de mites sur lavallière. Puis la question, nécessaire, surgit de ses lèvres comme un vomissement.
« Qui êtes-vous ? »
« Je suis votre passé. » dit la présence, sans changer d’expression.
« Je… Je dois partir… »
Alors le sourire de la présence s’agrandit comme une déchirure sur des dents grises, et, avec un hochement maternel, elle répondit :
« Mais ma chérie, tu sais bien que c’est impossible.
La présence tendit un bras qu’elle prit. Ensembles, elles marchèrent vers le couloir, et dans l’ombre, la présence retrouva son boitement et son souffle usé. C’était ainsi qu’elle la reconnaissait le mieux.


Soundtrack: "Janitor of Lunacy", Nico

2 Comments:

Blogger Hugh said...

Vous seriez étonné à la façon dont lisible c'était quand je l'ai traduit par Dictionary.com (mes tentatives précédentes, dans lesquelles j'ai traduit un poteau j'ont écrit dans le Français, alors de nouveau dans l'anglais, pratiquement incompréhensible avéré -- en tant que force ce commentaire.) Le Français est beaucoup plus près de l'anglais que la pensée de I. L'anglais est un méli-mélo de Français, de Grec et de latin de toute façon -- et français, à ma connaissance, est également fortement basé sur le latin. Ce poteau travaillé tout à fait bien en anglais -- il maintient votre flair poeticly descriptif.

5:28 PM  
Blogger Hugh said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

5:28 PM  

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