lundi, septembre 26, 2005

Urgence de Vivre

Friedrich gisait, nauséeux, dans le chaos d’une chambre qu’il avait appris à détester, d’une chambre qu’il quitterait bientôt, pour une autre, dans un autre pays, qu’il détesterait aussi. Ses muscles tendus s’agrippaient à ses os endoloris, raidi par l’excitation d’une nuit de réflexion, d’heures consacrées au démantèlement de superstructures métaphysiques millénaires, de journées d’errance dans des couloirs de plus en plus sombres. Le soleil semblait plus lointain avec chacun de ses efforts pour repousser les nuées artificielles qui voulaient l’éblouir. Et pourtant.
Il ferma les yeux. Il le fallait bien. Finalement. Et ses pensées continuèrent de s’écouler, fuirent hors de son contrôle. Erosion. Des morceaux de valeurs étaient emportés vers des décharges subaquatiques de garde-fous sacrés et autres reliques morales. Le lit du fleuve se creusait et devenait plus solide, débarrassé de la boue et des alluvions. L’eau, pure comme le cristal, coulait avec une violence sans précédent, ignorant les obstacles, créant chutes et rapides, indomptable, suggérant la naissance de sa propre mesure, par-delà bien et mal, par-delà les barrages, volonté de puissance.
Urgence de vivre.