lundi, septembre 26, 2005

Urgence de Vivre

Friedrich gisait, nauséeux, dans le chaos d’une chambre qu’il avait appris à détester, d’une chambre qu’il quitterait bientôt, pour une autre, dans un autre pays, qu’il détesterait aussi. Ses muscles tendus s’agrippaient à ses os endoloris, raidi par l’excitation d’une nuit de réflexion, d’heures consacrées au démantèlement de superstructures métaphysiques millénaires, de journées d’errance dans des couloirs de plus en plus sombres. Le soleil semblait plus lointain avec chacun de ses efforts pour repousser les nuées artificielles qui voulaient l’éblouir. Et pourtant.
Il ferma les yeux. Il le fallait bien. Finalement. Et ses pensées continuèrent de s’écouler, fuirent hors de son contrôle. Erosion. Des morceaux de valeurs étaient emportés vers des décharges subaquatiques de garde-fous sacrés et autres reliques morales. Le lit du fleuve se creusait et devenait plus solide, débarrassé de la boue et des alluvions. L’eau, pure comme le cristal, coulait avec une violence sans précédent, ignorant les obstacles, créant chutes et rapides, indomptable, suggérant la naissance de sa propre mesure, par-delà bien et mal, par-delà les barrages, volonté de puissance.
Urgence de vivre.

samedi, septembre 24, 2005

Le Réveil

Mon corps sur le lit.
Désirer.
Dans les couloir, chancelant.
Désirer.
Sous la faiblesse, il y a la force, insoupçonnée, que l’on épuise pas, le sable porté par le vent, sur mon corps. Je n’oublie pas. Les terrains de jeux : il y a la rue de l’école de medecine, il y a moi. Il y a soi, toujours. “Voyages, S., voyages!”. “Mais c’est ce que je fais..”. Sinon, F. M., l’épanouissement, demain, à Paris, quand on est à Majorque, à Majorque quand on est à Paris, ne pas chercher ou il faut, fuire ce que l’on veut vraiment trouver. F., ici et maintenant?
Ici, maintenant, toujours, mon corps sur le lit, mon corps dans les rues, mon corps dans ma tête, fléché, délimité, détaché, désiré. Le voyage. Ne se termine pas. Le sable sur mon corps. Devant l’horizon, le vide bleu. Je le rempli : de désir, d’espoir, de souffrance, de bonheur, de désillusion, de manque, d’excédant, de l’excédant d’affection qui m’étouffe sans cesse. Certains étouffe d’aigreur. J’étouffe d’attachement. Je suis enfant, ou monstre tentaculaire... Le voyage. Pendant le voyage, je rencontre les deux, ils s’affrontent parfois, parfois, je voie le monstre désirer l’enfant. Le sable sur mon corps, le corps de l’enfant, la main du monstre caresse les côtes de l’enfant. Dire je te hais, penser je t’aime. Souffler je t’aime, les côtes s’abaissent, le corps se désintègre le temps d’une nuit. Le voyage ne se termine pas.
Bonne nuit T. Je te hais.

lundi, septembre 19, 2005

Odéon

Les mots, vides, décroche, coupe, ignore. Encore les mots, tuent. Odéon, théatre, en rond, les mots, laisse.
La ville suspend dans mes poumons
le message amoindri.
Les pas sur les papiers, ignore. Les pas sur les graviers, en rond, mon visage sur les papiers, ignoré. Les instants surjoués, gachés, oubliés, puis, plus rien.
La ville suspend dans mes poumons
les images assombries.
Le souffle volé des nuits sous le vent, au loin, un avion, la plage, la mémoire. Fuire. L’ignorance. Fuire. Ailleurs, d’ailleurs. D’un autre jours, l’étranger ne vient pas, ne vient pas l’autre. Délimiter. Arracher. Mais oublier. Noyer?
Je ne veux pas. Je ne dis pas. Je ne veux pas, il y a derrière moi. Il y a devant. Ou pas. Qu’importe? Le souffle ne se donne plus importe. La mort ne se saît plus importe. Cries derrière les ombres mon corps flottant suspend dans mes poumons, dans les rues la nudité.
Cries derrière mon corps, éclatant, l’espace est moi.
La ville suspend dans mes poumons
le nauffrage accompli.

25 avril 2003